Mise bas de Kina 2025

Les premiers signes de la mise bas arrivent le jeudi 03 avril au matin. Kina ne veut pas manger sa gamelle et elle commence à s’agiter, signe qu’il y a du mouvement et que les micro-contractions se font sentir. Vers 16h, elle cherche un coin dans le jardin pour faire ses bébés. Le gros laurier semble avoir sa préférence et elle gratte dessous pour faire son « nid » (parfois je me demande pourquoi je leur fabrique une caisse de mise bas… lol). Vers 17h10, les contractions sont plus fortes et elle commence à vouloir pousser. Evidemment, c’est en fin d’après-midi que les choses sérieuses commencent, donc s’il y a un souci, je sais d’ors et déjà que les vétos seront fermés et qu’il faudra trouver un vétérinaire de garde, mais ce n’est pas grave, j’ai l’habitude !

C’est à 18h18 que le premier bibou voit le jour dans la caisse (oui Kina s’est finalement rendu compte que c’était mieux ainsi, ou plutôt je ne lui ai pas laisser le choix lol). C’est un magnifique male noir de 530g (Mister Rouge), je suis super contente, maintenant que le premier est là, les autres devraient suivre, ça démarre très bien. Du moins c’est ce que je croyais.

Me voilà à attendre…1h…2h… Kina n’a plus de contraction, elle semble faire une pause. Je me dis « c’est bizarre, normalement les pauses c’est plutôt vers la fin, pas après un seul chiot… Elle a peut-être besoin d’ocytocine ? ». J’en parle à mon amie vétérinaire par messages et elle me rassure « tant qu’elle n’a pas de contraction, il ne faut pas s’inquiéter » et c’est vrai, je le sais en plus puisque je l’ai lu dans mon super livre que j’aime ressortir avant chaque mise bas « Faire reproduire son chien, les clés d’une pratique réussie » par Alain Fontbonne, Aurélien Grellet et Emmanuelle Fontaine – livre que je conseille d’ailleurs –, mais c’est toujours plus sympa d’avoir un avis véto en direct.
A 21h24 j’ai un élan d’espoir car elle a quelques contractions mais c’est seulement pour expulser le placenta du premier chiot. #Fausse joie.

Le pire c’est que j’avais anticipé le fait que ce serait long, je m’y étais préparée psychologiquement étant donné que la dernière fois cela avait duré 24h au total. J’avais même prévu de me refaire l’intégrale des films « Fast and Furious » afin de passer le temps mais après 4h d’attente je n’avais toujours pas regarder un seul film, j’étais trop stressée. Que la mise bas soit longue ok, mais faire une si grosse pause après seulement un chiot sorti, sachant qu’on en avait vu une dizaine à la radio, non !

Il est 23h30 passée, soit plus de 5h depuis le premier chiot et il n’y a toujours aucun autre bibou à l’horizon. Kina a quelques contractions mais rien ne sort. Je commence à chercher un vétérinaire de garde et là oh surprise ! j’apprends que plus aucun vétérinaire dans mon secteur ne fait les gardes de nuit. Super, on continue dans les bonnes nouvelles ! Ils disent tous d’appeler les Urgences Vétérinaires de Mâcon. Je me mets donc à chercher leurs coordonnées sur internet et notamment leur adresse pour préparer mon petit road trip nocturne mais je ne la trouve nulle part. Je commence à m’énerver « comment fait-on pour aller aux urgences vétérinaires de Mâcon s’ils ne sont même pas foutus de mettre leur p*tain d’adresse sur leur site ?! » (oui je deviens vulgaire quand je suis énervée). J’appelle donc le numéro qu’ils donnent et là grand moment ! Après avoir expliqué mon souci, le monsieur du standard me dit gentiment que pour avoir un rendez-vous et accessoirement qu’il me donne l’adresse des Urgences, il faut que je paie 140€ par CB tout de suite. Sur le coup, j’ai vérifié si je n’avais pas appelé un faux numéro qui tentait de m’arnaquer mais non non c’était bien le bon. Et beh ! Apparemment les études de commerce priment sur les études vétérinaires de nos jours… Je ne quitte pas Kina des yeux tout du long de ma conversation téléphonique, je la vois en train de pousser, je me dis qu’il reste peut-être un espoir qu’elle me sorte ce 2ème chiot d’elle-même mais quand je ne vois toujours rien arriver, je valide finalement le paiement via le mail qu’il m’avait envoyé et mon appli bancaire. Le monsieur m’indique qu’il a bien reçu le paiement et qu’il m’envoie la confirmation de rdv par SMS avec l’adresse (youpi, j’ai une petite heure de route), tout en enfonçant encore un peu le clou en disant que « les 140€ correspondent uniquement au prix du rendez-vous et que tout acte fait sur place sera facturé en supplément », en finissant par « pour une césarienne, il faudra compter entre 1000€ et 1300€ ou peut-être plus et ce sera paiement par CB uniquement, pas de chèque, ni d’espèces », quand on sait qu’une césa chez un véto normal c’est entre 400€ et 600€... Bref, je me dis que ces urgences ont l’air d’être de vraies pompes à fric qui s’enrichissent sur le malheur de nos animaux. Et encore, j’ai la chance d’avoir pu payer les 140€ tout de suite pour avoir leur adresse mais j’imagine que ce n’est pas le cas de tout le monde et peut-être que de pauvres animaux ont souffert des heures ou sont décédés faute d’avoir eu accès à ne serait-ce qu’une consultation car leurs propriétaires n’en avaient pas les moyens. Ça me dépasse. Je termine l’appel téléphonique sur cette pensée et commence à me préparer pour partir et là j’entends un petit cri de chiot, mais pas le cri du premier chiot, non là c’était le cri d’un autre chiot, il n’avait pas la même voix. Je me retourne vers Kina et je la vois en train de nettoyer le 2ème bébé qui venait ENFIN de sortir après 5h30 d’attente Il était 23h43, même pas 2 minutes après que j’ai validé le paiement et raccroché avec le standardiste des Urgences. Je me mets à rire en me disant que cette mise bas est un sketch, il doit y avoir une caméra cachée quelque part, ce n’est pas possible ? C’est une grosse femelle charbonnée de 545g (Miss Rose) et elle est bien vive en plus, on ne dirait pas du tout que c’est un chiot qui a mis autant de temps à sortir. Je me pose la question « est-ce que j’y vais ou pas du coup ? » et en même temps je ne me voyais pas attendre encore 5h30 pour le 3ème et puis de toute façon j’ai payé donc autant y aller ! Me voici donc à préparer un carton avec des serviettes propres, un plaid et une bouillotte pour pouvoir transporter les 2 bibous sur le siège passager de ma voiture avec la ceinture de sécurité car on n’est jamais trop prudent. Kina est installée dans la grande caisse à l’arrière avec un tapis vetbed pour plus de confort et en avant guingamp !

La route se passe bien, j’ai mis de la musique, en l’occurrence l’album « POP » de U2 afin de décompresser un peu. Néanmoins, au bout d’une demi-heure, j’entends un petit cri. Je mets la main dans le carton à côté de moi pour toucher les 2 bibous et vérifier si la bouillotte n’est pas trop chaude pour eux mais non ça a l’air d’aller. De nouveau un petit cri, mais cette fois j’ai l’impression qu’il ne vient pas du carton mais plutôt de l’arrière de la voiture. Je baisse la musique pour mieux l’identifier et là plus de doute possible, il est 00h25 et le sketch continue : Kina m’a fait le 3ème dans la voiture ! Il faut que je m’arrête pour vérifier. Le souci c’est qu’il fait nuit, que je suis sur une route départementale et qu’à part un fossé, je ne vois rien sur le bas-côté où je pourrais m’arrêter. Finalement je finis par trouver un petit coin assez large pour y garer mon Berlingo sans risquer de me faire rentrer dedans par la prochaine voiture qui passerait par-là, je mets les warnings et je descends. Je manque de tomber dans le fossé en ouvrant la porte arrière latérale et je me mets à chercher numéro 3 dans la caisse avec la lampe torche de mon téléphone. Il est bel et bien là, et bien vif lui aussi mais il n’a pas bien chaud car Kina a roulé le tapis en boule et bébé se retrouve à même le plastique froid de la caisse de transport. Je le récupère tant bien que mal tout en empêchant Kina de sortir de la voiture et de se retrouver sur la route (toujours des bonnes idées cette chienne !). J’observe un peu mieux numéro 3 avec la lampe torche avant de le mettre avec les 2 autres dans le carton bouillotte et c’est encore un joli mâle noir (Mister Vert) dont je ne saurais le poids qu’une fois arrivée aux Urgences (505g). Bon maintenant que tout le monde est safe, on peut reprendre la route !

Arrivée à Mâcon, je me trompe d’itinéraire une fois parce que Waze n’a pas été pas fichu de préciser qu’il fallait prendre la petite voie à droite qui longe celle sur laquelle j’étais, mais je m’en sors finalement et trouve même rapidement une place sur le parking en face de l’entrée des Urgences. La porte est fermée bien sûr et il faut sonner pour qu’on nous ouvre, chose hyper simple à faire avec un carton un peu lourd dans les mains et une chienne en bout de laisse qui ne sait pas ce qu’elle fait là ni pourquoi je trimballe ses chiots dans ce fameux carton plutôt que de les lui rendre. Finalement on nous ouvre et après une petite présentation avec l’assistante et la vétérinaire, on est emmené dans une salle de consultation. Etant donné que le précédant chiot est né dans la voiture 20 minutes auparavant, il est décidé par la vétérinaire d’attendre la venue du futur chiot plutôt que de donner de l’ocytocine à Kina. Je leur demande si elles ont une lampe chauffante pour mettre au-dessus du carton contenant les 3 bibous parce que ma bouillotte ne va assurément pas tenir jusqu’à la fin de la mise bas et il va falloir des linges propres pour essuyer le futur bébé et aussi un ciseau stérile pour couper le cordon parce qu’apparemment elles n’ont rien prévu de tout cela.

Après 1 heure 30 d’attente, le 4ème chiot arrive à 1h50 et c’est encore un mâle noir (Mister Orange). C’est la vétérinaire qui le récupère dans ses mains mais à mon grand étonnement, elle ne le frictionne pas avec le linge et ne lui fait pas craché le liquide qu’il a dans les voies respiratoires. Elle ne lui coupe pas le cordon non plus et se contente de le tenir dans ses mains, vérifie qu’il est vivant, l’essuie un peu puis le donne à Kina. EUUUH mais ça ne suffit pas ça en fait ! Elle n’a jamais fait de mise bas de sa vie ou quoi ? Le petit a du liquide dans le voies respiratoires et est en train de galérer pour respirer là ! Je suis choquée. Je récupère un linge et le chiot et commence à le frictionner avec la tête en bas pour qu’il puisse cracher tout ce qu’il a dans les poumons. Il arrive à crier un peu, mais je ne le sens pas très vaillant, il fait la carpe bichette, il a encore pas mal de liquide qui sort et fait même des bulles avec le nez. Je leur demande si elles ont une petite poire pour aspirer mais elles n’en ont pas. Ok… A 140€ la consultation, j’espérais tomber dans des Urgences bien équipées mais apparemment ce n’est pas le cas et d’ailleurs j’attends toujours le ciseau stérile pour couper le cordon… Bien entendu, comme Kina a fait le 4ème chiot « seulement » 1 heure 30 après le précédent, la vétérinaire préfère attendre la venue du 5ème chiot avant de décider s’il y a besoin d’ocytocine ou non. Je sens que ça va être long…

Le 5ème arrive à 2h10 soit à peine 20 minutes après (ce qui pourrait être qualifié d’arrivée ultra rapide venant de Kina !). Cette fois c’est moi qui le prend en charge direct pour le frictionner et l’aider à respirer avant de le rendre à Kina. Et c’est encore un mâle noir ! (Mister Jaune). Le sketch continue toujours ! Statistiquement parlant, j’étais sensée avoir plein de charbonnés sur cette portée, et c’est d’ailleurs principalement des demandes pour des charbonnés que j’ai sur ma liste d’attente, mais Dame Nature a décidé de rester dans l’humour (noir ? lol) et je commence déjà à m’imaginer avec une portée de 9 mâles noirs et 1 seule femelle charbonnée. A ce moment-là, je n’ai toujours pas de ciseau pour couper les cordons et le temps que je le redemande une énième fois, Kina a voulu le faire elle-même sur Mister Jaune, mais elle a coupé trop court et il a eu droit à un petit point de suture. Finalement le ciseau arrive enfin et avec lui la balance pour peser les bébés (et oui on avait failli l’oublier celle-là !). J’en profite donc pour peser Mister Vert qui né dans la voiture (505g), Mister Orange qui fait toujours la carpe (450g) et Mister Jaune et son cordon suturé (470g). Vous vous en doutez, toujours pas d’ocytocine pour Kina, on doit attendre le prochain… Après avoir vérifié que les 5 bébés allaient bien, je retourne sur ma chaise pour patienter en observant Kina. Je rigole en constatant qu’elle a refait la décoration de la pièce en couleur vert placenta. Ça va être difficile de faire disparaitre ces tâches sur le lino…

A 3h45 c’est un petit mâle charbonné qui pointe le bout de son nez (Mister Bleu). Enfin un mâle charbonné ! C’est le plus petit, il pèse 425g mais il va bien.

Toujours pas d’ocytocine. De toute façon la vétérinaire est partie depuis un moment taper ses comptes rendus dans une pièce à côté, elle me laisse gérer seule mais je peux l’appeler si besoin. L’ASV vient discuter un peu pour me tenir compagnie.

A 4h20 c’est une deuxième femelle charbonnée qui arrive (Miss Violette), elle pèse 500g. Je suis contente, il va y avoir un peu de choix pour les filles.

Toujours pas d’ocytocine.

Je commence à avoir faim et soif après ces longues heures à rester assise sur la chaise en plastique de la salle de consultation qui devient très inconfortable. Je sature, j’ai envie de rentrer chez moi avec Kina et ses bébés. L’ASV me propose un petit café avec 3 cookies que j’accepte volontiers.
L’attente est longue cette fois, au bout de 2h sans bébé en vue, la vétérinaire accepte enfin de faire une injection d’ocytocine à Kina (il est 6h15).

Vers 6h30, Kina a des contractions mais le chiot semble encore loin et difficile à sortir. 30 minutes plus tard j’ausculte Kina pour voir où en est le chiot et je m’aperçois qu’il est enfin engagé, j’arrive à le sentir du bout des doigts mais il y a un truc bizarre, je n’arrive pas à comprendre sa position. La vétérinaire l’ausculte à son tour et elle me dit que c’est le palet que l’on sent au toucher, le petit a la bouche grande ouverte et c’est sans doute cela qui freine son arrivée. Aucune chance qu’il soit en vie. Kina réussit finalement à le sortir à 7h25 avec l’aide de la véto qui le tire en même temps qu’elle pousse. C’est un mâle noir et il est bel et bien mort. La première étoile de cette portée.

Je dis à la vétérinaire que je suis tout de même contente qu’elle ait pu le sortir naturellement, surtout que le standardiste m’avait donné le prix d’une césarienne chez eux, ce à quoi elle répond « il vous a dit 1300€ ? il a été gentil. Rien qu’hier, on a fait une césarienne à une petite bouledogue et le prix était d’un peu plus de 1500€ donc pour votre chienne dont le poids se situe entre 30 et 40kg, le prix aurait plutôt été entre 1900 et 2000€. ». OK… et bien je suis d’autant plus contente qu’elle n’en ait pas eu besoin alors ! #Hallucinant

Sur ces bonnes paroles, elles vont fermer la clinique (et oui il est bientôt 8h, heure de fermeture des urgences !). La véto me dit que l’injection d’ocytocine dure environ 2h et que s’il y a un souci, il faudra voir ça avec mon propre véto. On va enfin pouvoir rentrer à la maison ! Avant de partir, je dois tout même payer une jolie petite note de 423€. Ce prix comprend les 23€ pour l’injection d’ocytocine, le reste c’est pour la « consultation » et « l’hospitalisation ». hum hum… 423€ pour avoir passé une nuit blanche à attendre sur une chaise en plastique pendant que ma chienne faisait ses chiots à même le sol dans une salle non prévue à cet effet avec une véto qui tapait ses comptes rendus dans une pièce annexe... c’est plus cher qu’un AirBnB ! lol Surtout qu’au final, le seul acte vétérinaire réalisé cette nuit-là fut l’injection d’ocytocine et à la rigueur l’aide pour sortir le chiot mort (que j’aurais pu faire aussi de base). Mais bon, on ne va pas se plaindre, on a échappé à la césarienne, Kina va bien, les 7 bébés vont bien eux aussi donc on va rester positive. Il reste encore 1 ou 2 chiots dedans en plus donc on n’est pas encore sortie de l’auberge.

Je prends ma chienne et mes chiots dans leur carton, je dis au revoir et go back home !

La route se passe bien, pas de nouveau bébé en vue donc pas besoin de s’arrêter sur le bas-côté. En arrivant, je suis exténuée, j’ai mal partout, je n’ai que deux envies : manger et m’allonger sur mon lit, alors que Kina, elle, trottine dans le jardin comme si de rien n’était, trop contente d’être à la maison. Mais comment fait-elle ?
J’installe tout le monde dans la caisse de mise bas et après un petit casse-croûte, je me couche sur mon lit et attend de nouveau le prochain chiot même si Kina semble de nouveau en pause. Elle s’occupe de ses bébés. Il est un peu plus de 9h… Les minutes passent et je m’endors sur le lit.

Je me réveille en sursaut vers 12h30. Je regarde Kina, elle dort tranquillement avec ses petits. Aucun signe du 9ème chiot. Je décide de manger, on n’est plus à une heure près et de toute façon la clinique est fermée entre midi et deux donc je dois attendre 14h pour appeler et prendre rendez-vous. Je réponds à quelques messages qui demandent des nouvelles, notamment ceux de mon amie vétérinaire qui malheureusement ne travaille pas ce jour-là.

J’arrive à avoir un rendez-vous express à 15h30. A la radio on voit 2 chiots, le premier est bien positionné pour sortir tête la première bien aligné dans le bon sens de la sortie, mais le second est plutôt loin, dans une position fesses en haut et tête en bas. A l’écho, on s’aperçoit que le premier est mort, son petit cœur ne bat plus. Je m’en doutais, j’avais peu d’espoir qu’il y ait encore un semblant de vie après plus de 20h de mise bas. Néanmoins le cœur du second semble battre à notre grand étonnement. Malheureusement, sa position laisse tout de même peu d’espoir et le fait qu’il y ait un chiot mort devant lui n’est clairement pas l’idéal. On tente tout de même l’ocytocine pour intensifier les contractions et la vétérinaire me prescrit du Gluconate de Calcium en ampoule à aller chercher en pharmacie qui pourra aider à ce que les contractions soient plus efficaces. Je repars également avec une seringue contenant une autre dose d’ocytocine que je dois lui injecter 1h30 après si jamais il n’y a toujours pas de chiot en vue.

Il est 16h30, je pars direct à la pharmacie la plus proche pour le Gluconate de calcium mais ils n’en ont pas. J’appelle donc toutes les pharmacies de mon secteur mais la réponse est toujours la même « on n’en a pas, mais on peut le commander si vous voulez » sauf que j’en ai besoin tout de suite. Tant pis, on va devoir faire sans.

Les contractions de Kina reprennent et à 18h00, le 9ème chiot sort enfin ! Sans surprise, il est mort mais il a aussi une odeur horrible, à croire qu’il avait déjà commencé sa décomposition dans le ventre de sa mère. Je suis dépitée, c’était un gros mâle charbonné en plus. Une 2ème étoile dorénavant. Son état me laisse songeuse vis-à-vis du 10ème et dernier chiot qu’il reste encore dedans mais qui était tout de même assez loin. Déjà que j’avais peu d’espoir à la base… là, j’en ai encore moins. Je fais tout de même l’injection d’ocytocine à Kina 30 minutes après histoire de ne pas perdre trop de temps, on ne sait jamais, il parait que les miracles existent. Le but dorénavant est surtout d’évacuer le dernier chiot, mort ou vif, il faut juste qu’il sorte. J’ai trop peur de la césarienne, surtout après 24h de mise bas, le risque que Kina fasse un arrêt cardiaque durant l’opération à cause de la fatigue accumulée me glace le sang. Si je la perdais… non je ne préfère même pas l’imaginer !

L’attente reprend. J’emmène Kina en balade histoire que les vibrations de la voiture aide l’avancer du bébé. Elle est ultra partante ! Je m’arrête dans un coin forestier et je la fais marcher, enfin plutôt trottiner puisqu’apparemment même après tout ce temps de dur labeur, Mademoiselle est toujours en forme ! Elle m’épate. De temps en temps, elle tente une poussée mais le chiot est encore trop loin. On croise quelques chevreuils qui se moquent ouvertement de nous et de mes « aller pousse ma fille, pousse pousse pousse, oui vas-y ! » en plein milieu du chemin. Je crois que je lui ai dit cette phrase au moins 100 fois depuis le début du travail. Elle doit se dire « parce que tu crois que je suis en train de trier des perles en ce moment ?! ». La pauvre, elle n’est pas aidée, ha ha !

On reprend la voiture, je refais plusieurs tours de pâté de maisons avant de rentrer. Toujours pas de chiot en vue. Kina ne contracte plus, elle s’occupe de ses bébés et semblent paisible. Elle est clairement en pause encore une fois et je n’ai plus d’ocytocine.

Vers 21h30, après avoir eu l’approbation de son chef, mon amie vétérinaire me propose de la retrouver à la clinique où elle travaille pour une soirée pyjama, ha ha ! Ou plutôt pour voir où en est le dernier chiot et m’éviter d’avoir à retourner aux urgences de Mâcon une 2ème fois (et rien que pour ça, elle a ma reconnaissance éternelle !). Arrivées sur place, on fait une écho dans un premier temps et on s’aperçoit que le petit cœur du dernier chiot s’est éteint. Je m’y attendais mais ça m’attriste quand même. Le dernier petit filament d’espoir est rompu. J’ai envie de pleurer mais je me retiens. Le plus important c’est Kina. Et puis 7 bibous c’est sympa aussi, je n’ai jamais eu une portée de 7. Depuis quelques années c’était toujours entre 8 à 12 chiots, ce qui donne pas mal de boulot à la maman comme à l’éleveuse quand il faut compléter avec des biberons pour que tout ce petit monde puisse manger à sa faim.

A la radio, le chiot a bien avancé et sa position est bonne pour sortir naturellement. Pas de césarienne en vue donc, je suis rassurée. Il est 23h, Kina a droit à une énième injection d’ocytocine, du gluconate de calcium et une piqûre d’antibio qui dure 3 jours afin d’éviter tout infection suite à l’état du 9ème chiot. Je repars également avec une autre seringue contenant plusieurs doses d’ocytocine si jamais le 10ème tarde trop à sortir et que Kina n’a pas assez de contractions.

Finalement c’est à 3h du matin, soit 33h après que le 1er chiot, que le 10ème et dernier est sorti. Une petite femelle noire qui aurait fait le bonheur d’une adoptante. Je suis à la fois triste pour cette 3ème étoile mais aussi extrêmement soulagée que ce soit enfin fini. Kina va bien, elle s’occupe déjà à merveille de ses bébés. Je n’ai pas mis les barres anti-écrasement dans la caisse mais elle gère au top et fait très attention à eux. C’est vraiment une mère formidable. Je choisis dans la foulée le nom de la portée « Archangel » en me remémorant que les Archanges sont 7 et comme cette portée comporte également 3 petits anges, cela prend tout son sens. En plus, la 1ère portée de Kina portait le nom de « Tenshi » qui signifie « ange » en japonais. Bref, on continue la symbolique à fond !

Les jours suivants se passent comme sur un nuage. Les bébés prennent bien du poids, pas besoin de biberonner, le lait de Kina est assez riche. Elle est toujours aussi en forme et cherche même à jouer avec sa sœur Dila et à me montrer la voiture pour que je l’emmène en balade.
Quand je lis parfois des commentaires sur la page Facebook de gens qui disent « pauvre bête, elle doit être tellement fatiguée avec tous ces chiots, vous devriez avoir honte ! » je ris. Ces personnes n’ont pas la moindre idée de ce qu’un petit élevage familial éthique et responsable peut être. Ils doivent s’imaginer que tous les éleveurs ont des chiennes qui font des portées tous les 6 mois jusqu’à leurs 10 ans dans des chenils, nourries aux croquettes de supermarché ou aux carcasses d'animaux et que les chiots sont vendus aux premiers venus sur les marchés, salons du chiot ou encore Le Bon Coin, alors qu’il n’en est rien ici. De plus, voir ma chienne qui pète le feu après une mise bas de 33h me conforte dans mon choix de produire peu mais de manière qualitative. Tout le monde y est gagnant : les chiens, les chiots, les adoptants et moi, même si cela engendre un coût considérable pour l'éleveur (notamment sur l'alimentation) et que l’activité n’est pas vraiment ce qu’on pourrait appeler de rentable quand on a peu de portées, qu’on fait tous les tests de santé nécessaires sur les reproducteurs, les frais d’expositions, les confirmations, les importations et j'en passe (d’où l’utilité du job à côté pour pallier au manque à gagner).
Bref le métier d’éleveur est parfois stressant et peu valorisé par la société, mais qu’est-ce que je l’aime !
​Pour rien au monde je ne changerais cette vie. <3